Appel
à communication
Colloque
20 et 21 novembre 2014
(Université
Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
Itinéraires et
productions des dramaturges et cinéastes espagnoles (1990-2014)
Le théâtre et le
cinéma espagnols, largement dominés par des figures masculines pendant la
dictature franquiste, ont vu apparaître une série de créatrices avec la
Transition puis la démocratie retrouvée. Ainsi, pour le cinéma, trois
réalisatrices se sont imposées au cours des années 1970-80, Pilar Miró, Cecilia
Bartolomé et Josefina Molina. Bien qu’elles n’aient pas revendiqué une posture
féministe, leurs films ont introduit un nouveau regard sur les femmes et
certains de leurs opus ont pu s’apparenter à un bilan de la condition féminine
sous le franquisme ou proposer de nouvelles images féminines, plus en
consonance avec l’évolution de la société espagnole.
Dans le champ théâtral,
quelques dramaturges ont également fait entendre leur voix comme Ana Diosdado,
à partir des années 1970, María Manuela Reina, Pilar Pombo, Paloma Pedrero ou
Maribel Lázaro, dans les années 1980. Toutefois, Patricia O’Connor relevait
encore en 1988 combien il était difficile pour ces femmes de réussir à faire
jouer leurs pièces, dans un contexte social, hérité du franquisme, qui ne leur
était pas favorable.
A partir des années
1990, en revanche, de nouvelles générations de créatrices semblent parvenir à
rompre les barrières qui les maintenaient à l’écart et s’imposent tant comme
réalisatrices (Camí-Vela, 2001) que comme auteures dramatiques (Oliva, 2002).
Ainsi, profitant du cadre institutionnel, notamment les subventions publiques
accordées aux premiers films, toute une série de réalisatrices telles Iciar
Bollain, Patricia Ferreira, Chus Gutiérrez, Eva Lesmes, Gracia Querejeta, parvient à tourner son premier opus. Si leur
apparition suscite un intérêt certain (Heredero, 1998), il n’en reste pas moins
qu’il est leur est parfois difficile de réaliser un second ou un troisième
film. Au cours des années 2000, alors que certaines réalisatrices ont désormais
un parcours confirmé, d’autres se sont tournées vers la production publicitaire
ou télévisuelle.
Au théâtre,
les dramaturges femmes sont désormais
assez nombreuses et leur production est reconnue par la critique (Floeck et
Vilches de Frutos, 2004) comme c’est le cas, entre autres, de Lluisa Cunillé,
Angélica Liddell, Yolanda Pallín, Itziar Pascual, Laila Ripoll ou María
Velasco. Ainsi, elles arrivent à publier leurs textes et à voir leurs pièces
représentées, toutefois seules certaines ont réussi à s’imposer dans le réseau
des grands théâtres publics.
Considérant les
difficultés rencontrées pour mener à bien leurs projets, ces dramaturges et
réalisatrices ont créé des associations visant à soutenir leurs travaux et à
leur donner plus de visibilité. A Madrid, sont ainsi apparues CIMA (Asociación
de mujeres cineastas y de medios audiovisuales) et AMAEM (Asociación de
Mujeres de las Artes Escénicas de
Madrid).
De son côté, l’État
espagnol a adopté une législation favorisant l’égalité effective entre les
femmes et les hommes, la loi 3/2007 du 22 mars, qui a eu des développements
particuliers dans certains domaines comme la création artistique, avec par
exemple la loi sur le cinéma 55/2007.
Le colloque, s’inscrivant
dans le cadre de l’histoire culturelle, se propose d’interroger la situation
des femmes créatrices à partir de divers axes :
- quel bilan peut
être fait quant à la production des dramaturges et des réalisatrices depuis les
années 1990 (nombre de mises en scène de leurs œuvres par rapport à la production
écrite / ratio dramaturges femmes-dramaturges hommes représentés / type de
théâtres dans lesquels leurs pièces sont représentées/ nombre de films tournés
et distribués / durée d’affiche / difficultés pour mener à bien leurs projets…) ?
- incidence de la
législation, de l’action des associations, des festivals consacrés aux œuvres
de femmes ;
- analyse de leurs
œuvres à partir d’une perspective esthétique (quels genres théâtraux ou
filmiques privilégient-elles ?/ quelles caractéristiques formelles présentent
leurs œuvres ?) ;
- films et pièces
construisent-ils de nouvelles figures féminines, des relations de genre plus
égalitaires ?
- leurs œuvres
traduisent-elles un engagement sociétal ?
Le colloque se
déroulera sur deux journées, dont l’une sera consacrée aux dramaturges et
l’autre aux réalisatrices. Cependant l’un de ses objectifs sera aussi de
permettre une première approche comparative entre les deux domaines afin de
voir dans quelle mesure dramaturges et réalisatrices sont confrontées aux mêmes
difficultés, s’inscrivent dans une démarche de renouvellement formel et/ou
thématique ou sont obligées de se plier aux impératifs économiques.
Les propositions de
communications (résumé accompagné d’un bref CV) seront à adresser aux deux
organisatrices : msrodrig@univ-paris3.fr
et catherine.flepp@gmail.com
au plus tard le 18 juillet. Les réponses seront communiquées le 23 juillet.
Le colloque se veut
transversal et est ouvert aux hispanistes comme aux spécialistes de cinéma et
de théâtre.
Les actes du colloque donneront lieu à une
publication.
Lieux :
Université Sorbonne Nouvelle –Paris 3 / Colegio de España
Comité
d’organisation :
Marie-Soledad Rodriguez (Université Sorbonne
Nouvelle-Paris 3/ ARCE-CREC)
Catherine Flepp (Université de Valenciennes /
CREC, Paris 3)
Comité
scientifique :
Nicole Brenez (Université Sorbonne
Nouvelle-Paris3)
Jackie Buet (Directrice du festival des Films de Créteil)
Emmanuelle Garnier (Université Toulouse-Le-Mirail)
Gwenaelle Le Gras (Université de Bordeaux 3)
Nadia Mekouar (Université de Pau)
Pilar Nieva de la Paz (CSIC, Madrid)
Michèle Ramond (Université Paris 8)
Brigitte Rollet (Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)
José Luis Sánchez Noriega (Université Complutense, Madrid)
Michèle Soriano (Université Toulouse-Le-Mirail)
Francisca Vilches de Frutos (CSIC, Madrid)